Brume matinale (nouvelle d’Arnaud A.)

e jour-là avait été comme les autres. Comme à mon habitude, je fis une balade matinale avec mon chien. Une brume légère s’était installée sur le village. Je décidai de changer de mes habitudes en passant par la forêt voisine. En pénétrant dans le bois, la brume s’était intensifiée. Les arbres menaçants me donnaient la chair de poule. Cette forêt n’était pas comme les autres car celle-ci renfermait une odeur nauséabonde. Malgré tout, je voulais y rester. Cela faisait maintenant une heure que nous avions quitté le village et je l’avais perdu de vue. Petit à petit, je ne voyais plus mon chien au bout de sa laisse et je le rappelai. Bizarrement, il ne répondit pas à mon appel. Je tirai donc sur sa laisse et celle-ci n’opposa aucune résistance. Soudain, je me vis défaillir quand je vis le bout de celle-ci arraché... Je l’appelai, et l’appelai encore mais ne vis aucun signe de sa présence dans ce brouillard. Je me sentais vulnérable, seul dans ce paysage lugubre. Au bout d’une demi-heure, je luttai pour retrouver mon chemin, agacé et en même temps inquiet...

Je ne voyais rien mais soudain j’aperçus une silhouette à travers la brume, laquelle disparut la seconde suivante. Un instant après, j’entendis un cri de chien. Alors, je courus vers ce cri à travers ce brouillard toujours grandissant. Mais à mon désespoir, je n’aperçus rien et n’ayant aucun repère, je me vis perdu. Je voulais sortir de cette forêt de cauchemar et me mis en marche vers mon village...

A travers cette muraille de brume, une autre silhouette semblable à la précédente, vêtue d’une cape en lambeaux, se tourna vers moi puis une autre, puis une autre encore puis toutes m’encerclèrent. Elles avaient toutes la face encapuchonnée et se rapprochèrent encore de moi, leur corps intégré à la brume... Était-ce des habitants du village, des créatures surnaturelles ? Je pris donc mes jambes à mon cou et essayai de courir le plus vite possible pour les semer. Je trébuchai sur une racine et mordis la poussière. Je me relevai et je vis les ombres s’approcher, lévitant au-dessus du sol. J’avais peur, j’étais figé et les ombres n’étaient plus qu’à un mètre de moi. Je poussai un cri d’effroi... Le temps me paraissait infini et mon âme semblait s’extraire de mon corps.

Quand je rouvris les yeux, j’étais à la lisière de la forêt, les ombres avaient disparu tout comme le brouillard ; avais-je rêvé ou étais-je victime d’hallucinations ? Je voulais en avoir le cœur net. Je courus chez moi et appelai ma femme. Le salon, rien, la cuisine, rien, la chambre, rien. Le téléphone sonne, je décroche, rien. Pris d’un sentiment d’effroi, je courus vers la salle de bain. Sur le linteau était noté en rouge sang : « Ton âme m’appartient ! ».

Je regardai dans le miroir : rien...